Intrapreneur : Un métier en devenir ou un état d’esprit ?

Découvrez comment identifier, recruter et faire équipe avec des profils intrapreneurs pour faire décoller vos projets d’innovation.

Loin des professions plus ou moins fantasmées du futur : fermiers urbains, guides spatiaux ou encore gestionnaires de drones, l’entrepreneur salarié ou intrapreneur est une réalité.

S’il existe aujourd’hui un profil type de plus en plus plébiscité au sein des entreprises, l’intrapreneur peine à se faire une place sur le marché de l’emploi. Est-ce finalement une véritable profession ou simplement un état d’esprit ? Quelles sont ses compétences clés ? Verra-t-on demain les offres d’emploi pour intrapreneurs se multiplier ?

La professionnalisation de l’intrapreneur : mythe ou réalité ? 

Qu’est-ce qu’un intrapreneur ? 

Si le terme n’est pas des plus connus du grand public, la racine du mot trahit aisément une partie de sa définition. Le concept d’intrapreneuriat est né aux Etats-Unis en 1978, quand Ginford Pinchot, entrepreneur et auteur américain, invente le mot et en détermine les premiers contours.  Il le popularise enfin 9 ans plus tard dans son ouvrage phare Intrapreneuring. L’intrapreneur est le membre d’une grande entreprise qui, en accord avec elle et tout en restant salarié de son entreprise, possède un projet viable intéressant l’entreprise et qu’il peut réaliser en son sein. Il est celui qui transforme une idée en activité rentable au sein d’une organisation. Un concept qui a 40 ans et toujours d’actualité dans l’entreprise. 

Quelle est la différence entre entrepreneur et intrapreneur ?

L’entrepreneur crée son entreprise de A à Z, en assumant les risques financiers et organisationnels, tandis que l’intrapreneur innove au sein d’une structure déjà existante. Si les deux partagent un état d’esprit orienté vers l’initiative, l’intrapreneur évolue dans un cadre où les risques sont partagés avec l’entreprise, ce qui lui permet d’expérimenter sans compromettre totalement sa carrière.  

Et pour l’entreprise, quels sont les avantages de l’intrapreneuriat ?

Un programme d’intrapreneuriat permet à un grand groupe de stimuler l’innovation, engager ses talents et renforcer sa compétitivité tout en limitant les risques et coûts liés aux transformations stratégiques. 

Les avantages d’une démarche d’intrapreneuriat sont multiples pour les entreprises mais pour ma part, celles-ci sont les plus importantes : 

  • Elle stimule la créativité en interne et favorise l’émergence de nouvelles idées. 
  • Elle permet de tester rapidement des concepts grâce à des méthodes agiles. 
  • Elle encourage l’adoption des technologies émergentes et de nouveaux business models. 
  • Elle permet d’explorer de nouveaux marchés sans perturber l’activité principale. 

Pourquoi se poser la question de la professionnalisation de cette fonction aujourd’hui ?

En 1985, G. Pinchot énonçait déjà le besoin de recruter des intrapreneurs. En effet, en visionnaire, il observait que s’il venait à y avoir trop peu d’intrapreneurs au sein d’une entreprise, il s’agirait soit d’en attirer provenant d’autres entreprises, soit de recruter des managers au tempérament entrepreneurial et de développer en interne les compétences de ces derniers. Il avait vu avant tout le monde l’existence et l’importance de ces profils pour l’entreprise d’une part, il anticipait d’autre part lui-même l’évolution de la notion en évoquant la possibilité de les recruter en externe. 

Développer ce savoir-faire entrepreneurial devient un atout majeur pour répondre aux défis d’un environnement volatile, incertain, complexe et ambigu. 

Comme le souligne Yumana dans son dernier Baromètre de l’Intrapreneuriat publié en 2024,  l’intrapreneur devient la pierre angulaire des dispositifs d’intrapreneuriat. Pour 61 % des programmes de plus de 5 ans, les entreprises estiment que le collaborateur est désormais LE facteur clé de succès.

Intrapreneur : un super-héros qui s’ignore

Intéressons-nous tout d’abord aux caractéristiques d’un intrapreneur. Est-ce une posture, un profil, une association de skills à déceler en entretien d’embauche ou est-ce une profession en devenir ? Nombre d’entreprises convoitent ces profils mi-entrepreneurs mi-salariés qui ont encore tendance à rester sous le radar parce qu’on ne leur a jamais dit que leur talent était précieux. Cette tendance est confirmée par le cabinet de recrutement Mickael Page qui rapporte que l’intrapreneuriat est une des compétences les plus demandées par les recruteurs en 2020. 

Les compétences clés d’un intrapreneur

Il possède un profil « hybride », et « atypique ».  Si l’intrapreneur est un employé « comme les autres », avec une fonction et des tâches bien définies, relié par un contrat de travail à l’entreprise qui l’embauche et à son supérieur hiérarchique, il garde cependant des traits particuliers. 

Son profil est marqué par une capacité d’adaptation hors norme, un leadership naturel, une agilité dans la gestion de projet et une forte résilience face aux incertitudes. Polyvalent et stratégique, il devient un atout majeur pour les entreprises cherchant à se renouveler.

Un intrapreneur efficace possède un ensemble d’aptitudes qui lui permettent de naviguer dans des environnements complexes et d’influencer le changement :  

Agilité et adaptabilité

Capacité à rebondir face aux défis et ajuster rapidement sa stratégie.

Leadership et influence

Savoir fédérer une équipe et convaincre les parties prenantes.

Gestion de projet

Planification, suivi et exécution efficace des initiatives.

Esprit d’innovation

Penser en dehors des cadres établis et proposer des solutions disruptives.

Communication et storytelling

Présenter son projet de manière engageante pour capter l’adhésion des décideurs.

Naît-on ou devient-on intrapreneur ?

L’intrapreneur possède des caractéristiques propres et identifiables. Dès lors, peut-on apprendre à être un intrapreneur ? Peut-on acquérir les compétences rattachées à une telle fonction ? S’il est difficile d’influer sur sa personnalité ou ses motivations, l’intrapreneur peut s’appuyer sur des outils de gestion et de planification. Il adopte des méthodes de travail agiles, inspirées du monde des startups et de l’entrepreneuriat, et développe une expertise en gestion de projet, en management et en innovation. Ces savoir-faire sont accessibles et peuvent s’acquérir. 

Prenons l’exemple de l’entrepreneuriat. Si entreprendre a longtemps semblé l’apanage d’un petit nombre, la recherche scientifique a démontré le contraire, et il est désormais prouvé, « qu’assimiler les mécanismes de l’entrepreneuriat permettrait à chacun de devenir entrepreneur ». Tout comme l’entrepreneuriat, son petit frère l’intrapreneuriat semble relever plus de l’acquis que de l’inné. Il est donc possible de former un intrapreneur. Si le « métier » d’intrapreneur peut s’apprendre, cela va dans le sens d’une vraie professionnalisation de ce profil et d’une nouvelle voie pour la formation en entreprise, une hybridation entre expérientiel en situation de travail et théorique. 

Des formations à l’intrapreneuriat en plein essor 

Certaines grandes écoles ont déjà intégré l’intrapreneuriat dans leurs cursus. EMlyon propose un Executive MBA en Corporate Entrepreneurship, tandis que HEC Liège et Paris Dauphine offrent des programmes axés sur l’innovation en entreprise. Ces initiatives visent à structurer l’intrapreneuriat comme une compétence à part entière. 

La cible ? Des managers qui possèdent la « posture » de l’intrapreneur et qui souhaitent désormais en acquérir la maitrise. Certains ont déjà un projet, d’autres sont responsables de programmes d’innovation, ou simplement intéressés par le sujet et désirent se tourner vers le conseil en innovation par exemple. Les élèves issus de ces formations attendent d’acquérir la posture et les connaissances qui leur permettront de porter des projets innovants au sein de leur entreprise, découvrir comment transformer la culture de celle-ci et mettre en place des dispositifs favorables à l’intrapreneuriat. 

Quels sont les défis à relever en tant qu’intrapreneur ?  

Bien que la plupart des dirigeants souhaitent promouvoir la créativité, la polyvalence et l’implication au sein de leurs équipes, ils rencontrent très souvent des difficultés à créer les conditions et mettre en œuvre le cadre pour favoriser l’engagement des collaborateurs et donc l’émergence de ces pépites intrapreneuriales. 

Faire d’un employé un intrapreneur est difficile, les obstacles sont nombreux. La culture d’entreprise « non intrapreneuriale » est fortement limitante, et il est plus simple pour l’organisation de maintenir le statu quo. Transformer la culture d’entreprise ne se fait pas en un jour, c’est un processus qui demande souvent un accompagnement et des outils digitaux dédiés. 

De plus, les aptitudes, les connaissances et les capacités intrapreneuriales font souvent défaut, même dans des contextes culturels les plus propices. La peur de l’échec a de grandes chances de l’emporter sur toute envie d’essayer. 

Un des pièges à éviter serait de penser qu’un collaborateur qui a une bonne idée ferait un bon candidat à l’intrapreneuriat. Un intrapreneur n’est pas un idéateur, mais une personne qui transforme une idée en produit ou en nouveau service qu’il teste auprès des premiers utilisateurs et met sur le marché rapidement. Tous les collaborateurs peuvent avoir de bonnes idées, mais tous les idéateurs ne sont pas intrapreneurs. La reconversion professionnelle n’est donc possible que si l’entreprise se transforme et offre de nouveaux terrains de jeu à ses collaborateurs. Recruter des serial intrapreneurs peut être un accélérateur de transformation de la culture d’entreprise si l’on met à contribution leurs talents et expériences pour former la future génération d’intrapreneurs. 

Intrapreneur (h/f/x) – Un intitulé de poste absent des jobboards  

Aujourd’hui, selon le discours officiel, les entreprises acceptent et valorisent de plus en plus un CV qui ne rentre pas dans les cases et sort de la trajectoire dite « habituelle ». Au-delà des discours, les entreprises peinent largement encore à choisir des profils « hors norme ». Elles préfèrent logiquement les bons petits soldats aux francs-tireurs qui se révèlent souvent des épines dans les chaussures du manager. 

Cependant, le vent de l’intrapreneuriat souffle, et commence à tourner. En effet, les entreprises commencent à regarder au-delà de leurs ressources internes pour trouver des talents et compléter leurs équipes d’intrapreneurs. Nous avons enquêté et écumé des centaines d’offres d’emploi provenant des sites de recrutement les plus connus. Si le terme « intrapreneuriat » ou « intrapreneur » apparait de plus en plus dans les offres d’emploi, il qualifie surtout des compétences attendues, et nous ne le retrouvons pas dans l’intitulé du poste. 

Quelles sont les offres d’emploi qui existent aujourd’hui et qui pourraient se rapprocher d’un recrutement « intrapreneur » ? 

« Startup Program Manager », « Spécialiste Intrapreneuriat et Incubation », « Chargé de Mission Intrapreneuriat » : derrière ces intitulés se cachent des réalités très variées. 

Si les compétences recherchées sont souvent bien décrites, avec une maîtrise attendue de méthodes comme le Design Thinking ou Lean Startup, l’intitulé du poste reste flou. Ces annonces avancent masquées, rendant la recherche d’un véritable intrapreneur plus implicite que clairement affichée.

Comment recruter et intégrer un intrapreneur ?  

Recruter un intrapreneur n’est pas une finalité en soi. Assurez-vous donc que l’entreprise soit prête à l’accueillir et mettre en œuvre les conditions favorables à sa réussite. 

En effet pour recruter un intrapreneur, la culture d’entreprise doit s’y prêter. 

Pour favoriser son succès, il est essentiel de lui offrir : 

  • Un cadre flexible, lui permettant de tester ses idées sans contraintes excessives ; 
  • Un accès direct au top management, facilitant la prise de décisions stratégiques ; 
  • Des ressources adaptées, telles que des budgets d’innovation et du mentorat. 

Même s’il est vrai qu’un intrapreneur doit être capable de nager en mer à contre-courant, vous n’êtes pas non plus obligé de lui faire vivre l’ouragan Katrina. 

Quel futur pour les intrapreneurs ? 

L’intrapreneuriat est déjà un élément essentiel des stratégies d’innovation des grandes entreprises. La structuration de cette compétence en véritable métier semble à portée de main. D’ici quelques années, il ne serait pas surprenant de voir apparaître sur les CVs la mention Intrapreneur comme une fonction à part entière, avec une reconnaissance officielle des entreprises et des recruteurs. 

Intrapreneur (h/f/x) est déjà l’état d’esprit recherché par les RH aujourd’hui. L’avenir nous dira si ce profil sera enfin considéré comme un métier à part entière, ou s’il restera une compétence recherchée mais encore mal définie dans l’écosystème professionnel. 

Pour aller plus loin sur le métier d’intrapreneur :

  1. « Pourquoi les intrapreneurs sont-ils des perles rares pour les recruteurs ?«  Par Philippe Jean Poirier.
  2. Qui sont les intrapreneurs, ces entrepreneurs-salariés ?” Par Welcome to the Jungle. 
Image de Céline Degreef
Céline Degreef

CEO & Co-Founder Yumana

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