Réussir le lancement d’un programme d’innovation participative est crucial, car c’est la pierre fondatrice d’un nouvel ensemble. Et au-delà du cérémonial qu’il faut maitriser, il y a aussi des enjeux qui peuvent impacter l’efficacité de la démarche.

Soigner le lancement de son programme d’innovation participative

Un lancement, c’est un moment fort qui doit rester dans les mémoires. Il peut durer le temps d’une soirée, d’une heure, voire d’une semaine si l’entreprise est ambitieuse. Dans tous les cas, il a une date de début et une date de fin. C’est un épisode à programmer, annoncer et valoriser en interne. C’est le temps du court terme, de l’émotion et de l’impact. Le long terme, c’est le projet en soi. Celui qui détecte et accompagne les idées innovantes, et qui s’étale sur plusieurs mois ou plusieurs années. Celui qui doit être soigneusement pensé pour ne pas s’essouffler trop vite et continuer de vivre une fois l’engouement initial retombé.

Créer le momentum

Est-ce possible d’innover sans challenge événementiel ? Oui, mais c’est beaucoup plus difficile. Pour le coup, c’est comme courir un 100 mètres en partant cinq secondes après tout le monde. Quand on démarre à partir de rien, il faut marquer le coup pour mobiliser l’intelligence collective. Sans cela, on risque de dépenser beaucoup plus d’argent, de temps et d’énergie, pour beaucoup moins de résultats. Si l’entreprise est habituée aux programme d’innovation participative, les efforts de lancement seront moindres, par rapport à une autre qui découvre la démarche. Dans tous les cas, il est nécessaire d’avoir une carotte pour se mettre en mouvement. La taille de celle-ci dépendant alors de la culture de l’entreprise, de l’état de motivation des troupes et de l’appétence pour le changement et la transformation digitale. Il faut toutefois garder en mémoire qu’un challenge événementiel qui marque le grand début de la démarche est globalement une action avec peu d’élus et beaucoup de spectateurs. Cela peut prendre la forme d’un concours ou d’un défi interne, afin que le lancement ne reste pas au stade de la théorie, mais qu’il intègre bien une composante pratique. Dans ce cas, il faut valoriser et accompagner les candidats. C’est la Star Academy de l’innovation : le public doit avoir un rôle à jouer. Il faut créer un contexte événementialisant afin de transformer un projet d’innovation en reality show à fort potentiel. Le but : remercier et valoriser les avant-gardistes, tout en incitant les autres à se lancer. L’Oréal Beauty Fast Forward est le meilleur exemple de dispositif évènementiel mis en œuvre chez un client de Yumana qui suscite chaque année un tel engagement des employés à participer à un challenge d’innovation.

Des gagnants, mais aucun perdant

C’est toute la subtilité de la démarche, car un esprit de compétition implique forcément des déçus, créé des dissensions, voire des tensions, et l’humain étant ce qu’il est, cela peut également favoriser des actes de filouterie. Il n’est pas rare de voir des participants à un concours interne passer davantage de temps à savoir comment tricher et hacker le système, plutôt que s’impliquer pour réussir dans les règles du jeu et de l’art. L’organisation d’un challenge entrepreneurial événementiel en guise de lancement doit être gérée avec beaucoup de doigté. Ce n’est pas un match ou une compétition. Cela veut dire qu’il n’y a pas de perdants : il y a juste des idées qui ne sont pas prêtes, trop en avance, ou qui doivent prendre le temps de mûrir. Il faut être très vigilant, car le concours peut être destructeur, alors qu’il doit au contraire avoir un côté analytique et rationnel pour profiter des bénéfices de l’amorce.

Valoriser les collaborateurs

Pour les participants, c’est la participation à une aventure qui compte. C’est une grande motivation pour se valoriser en tant qu’individu (en particulier sur le plan de la carrière), même si l’idée ou le projet n’a pas été sélectionné ou n’a pas « gagné ». Concrètement, monter sur scène, devant un public, recevoir les félicitations du jury, serrer la main du PDG et recevoir un trophée avec une photo souvenir a bien plus d’impact qu’un bon d’achat de 50 euros chez Amazon envoyé anonymement par email en guise de récompense. Une fois le lancement terminé, le travail doit continuer, car la gestion des idées non retenues est au moins aussi importante que celle des idées sélectionnées. Pour l’anecdote, Thomas Edison disait qu’il n’a pas eu 1 000 échecs avant de réussir à créer l’ampoule électrique, mais qu’il a réussi à trouver 1 000 façons de ne pas faire une ampoule. Toutes les idées ont de la valeur, il faut parfois attendre le bon moment pour savoir les exploiter.

Comment réussir le lancement de son programme d’innovation participative ?

Qu’il s’agisse d’un concours, d’un grand colloque, d’une présentation ou du lancement d’une nouvelle plateforme, c’est assez facile de faire venir à soi des collaborateurs pour découvrir un programme d’innovation participative. C’est une nouveauté, ça attise la curiosité, on en parle dans les couloirs et le middle-manager fait bien son travail d’incitation et de communication. Là où ça devient plus difficile, c’est de les faire revenir. Si on s’intègre dans un système de collecte simple, sans collaboration ni intelligence collective, ça ressemble un peu à quelque chose du type « je viens, je pose mon idée ici et je m’en vais​. » L’impossibilité de collaborer, d’exprimer son avis et d’enrichir les idées existantes met alors un frein brutal à ce qui pouvait sembler être une bonne idée. C’est justement tout cela qu’un dispositif événementiel d’innovation participative peut transformer.

Trouver le bon sujet

Il faut trouver un sujet qui soit susceptible de concerner un maximum de personnes, qui soit facile à comprendre et qui puisse apporter une vraie plus-value dans la gestion opérationnelle de l’entreprise et dans son développement. On parle ici d’enjeu clé, de concurrence, de stratégie et d’innovation de rupture.  Le bon sujet, c’est celui qui nécessite un travail collaboratif. Pas une amélioration mineure du type « mettre des corbeilles de fruits dans les salles de réunion ». Pour fonctionner, l’entreprise doit se mettre en position d’être à la recherche de conseils façon start-up, afin de réinventer l’activité existante, et de faire face aux critiques, le cas échéant. Quelque chose qui puisse être en lien avec la survie du groupe.

Miser sur le phygital

Les multinationales sont dispersées sur différents sites et différents pays, avec un degré d’autonomie variable. Il est bien sûr impossible de réunir tous les collaborateurs au même moment et au même endroit. Pourtant, cela ne veut pas dire qu’il n’est pas possible de les faire tous participer. C’est justement là où le phygital est une option parfaite : un mélange de présentiel et de digital avec un système de mise en relation numérique qui s’appuie sur des relais sur place, au sein des services et dans les directions métier.

Recruter et former des ambassadeurs

Ce sont des collaborateurs qui peuvent être impliqués dans l’organisation du projet et qui sont en charge de « l’évangélisation » de l’innovation participative en interne. Pour être efficaces, tous les services doivent être couverts, de l’agence dans une petite ville de province au siège parisien, en passant par la business unit de Londres ou de Madrid, par exemple. Ces ambassadeurs sont au cœur du dispositif. Ils sont formés, ils connaissent le projet et sont bien souvent volontaires, car convaincus par les changements que cela peut apporter. Parfois, ce sont même des participants ou des contributeurs.

S’entourer de professionnels de l’événementiel

Organiser un événement, c’est un vrai métier. Ne confiez pas cette tâche à une personne juste pour lui faire plaisir. Ici, il faut distinguer la mise en place opérationnelle de la gestion du projet. L’équipe en place doit donner des consignes, instiller une vision et savoir déléguer. Ne faites pas les choses à moitié et laissez des professionnels (internes ou externes) gérer l’organisation du lancement.

Créer l’événement et anticiper la suite

Musique, vidéo, animations, jeux… il faut faire le show et créer un vrai momentum. Si tout est fortement corrélé à la culture de l’entreprise, il faut toutefois donner envie et créer un moment fort. Si le contenant est important, le contenu l’est tout autant, car vous allez devoir répondre à une question clé : « et concrètement, il se passe quoi ensuite ? ».  C’est un sujet à aborder au moment du lancement, pendant que votre audience est captive. Il faut montrer que tout est prévu et qu’il y a un cadre clair, avec des dates, des projets et une structure. Le lancement doit même pouvoir continuer à vivre une fois terminé. Site web dédié, message de félicitations, partage sur les réseaux sociaux internes, photos, vidéos… se contenter d’un one shot c’est passer à côté d’une bonne occasion pour faire vivre l’événement et donner envie aux absents de revenir l’année suivante.
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Céline Degreef

CEO & Co-Founder Yumana

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